Qu’est-ce
que l’esthétique ?
Marc
Jimenez, Collection folio essais (inédit), Gallimard, 1997
A propos de l’auteur : Philosophe et germaniste, Prof Paris Sorbonne 1,
membre de la société française d’esthétique etc.
Livre résumant point par point les
époques essentielles de l’histoire de l’esthétique et les enjeux et
questionnements mobilisés par les auteurs essentiels. La dernière partie,
notamment celle qui décrit la crise de la postmodernité explicite en quoi la question
de l’expérience artistique (ou humaine ou scientifique par extension) est une
question centrale pour déterminer les enjeux mobilisés par les questionnements
esthétiques et/ou artistiques, afin de déterminer le contenu et le sens
mobilisé par une œuvre ou plus généralement par des mouvements de pensée ou des
mouvements artistiques.
Marc Jimenez distingue dès le départ
deux univers. L’univers culturel
dans lequel nous baignons et qui nous enveloppe au quotidien (consommation des
mass-média, de musique sous toutes ses formes, des images télévisées, des grandes machines culturelles,
concerts, théâtre et expositions comprises, communications sur les sites web)
et le domaine de l’art, de la démarche
artistique inextricablement lié à celui de l’esthétique.
Il va décrire cette relation entre art
est esthétique selon une progression historique, et démontre ainsi que cette
relation questionne des champs à la fois variables de l’humanité, variables
selon les époques historiques et des contextes géographiques, culturels,
sociologiques etc. Mais il montrera aussi que certaines problématiques posés
par de grands auteurs ont presque une valeur éternelle, car ce sont des
questionnements universels aptes à ressurgir à différents moments de l’histoire
et mobilisables à travers des angles d’attaque divers.
Concernant notre époque contemporaine,
Jimenez pose le problème de la médiatisation
de l’art, car l’œuvre d’art semble dépendre fortement de comment on communique
autour d’elle, comment on l’interprète, comment on en parle, comment on la
décrit etc.. Il y a donc un lien fort entre l’art et le langage, entre l’art et les médias, entre l’art et son mode
d’apparence, entre l’art et la stratégie de communication déployée autour.
Ici semble se dessiner le point de contact entre médiatisation de l’œuvre et son
existence dans l’immanence. Ces deux modes d’existence sont liés à la question
de l’expérience dans l’art.
Arguments, perspectives tracées dans
l’avant-propos
·
Quand il y a
liaison entre art et ce qui porte l’art
vers nous, il y a la question de la médiation, en plus de l’immanence de
l’œuvre d’art. Peut-on dire par le langage
tout ce qui touche à l’art ? Le langage est la base de l’esthétique dans
le sens où c’est l’outil qui sert à communiquer les concepts de l’esthétique. Il y a l’émergence de deux
disciplines essentiellement, qui décrivent l’art par le langage :
l’histoire de l’art et l’esthétique (21).
·
On verra en
cours de route qu’il y aura différents acceptations du mot
« esthétique ».
·
Il y a aussi
l’utilisation du mot esthétique avec des adjectifs : esthétique
platonicienne (questions sur le beau et le vrai, sur l’idée du beau, ou :
rôtle de l’art dans la cité).
·
L’esthétique ne
discute pas le progrès, elle discute des évolutions
·
Esthétique en
tant que discipline : défini au XVIIIème. Cette discipline ne déploie pas
les doctrines sur le beau, elle discute l’évolution de la pensée à propos de
l’art.
·
L’histoire de
l’esthétique de M. Jimenez est écrite à partir du moment où il y a l’autonomie
de l’esthétique
PREMIÈRE PARTIE
AUTONOMIE
DE L’ESTHÉTIQUE
Quel
en est l’enjeu ? Pourquoi l’autonomie de l’esthétique arrive 3 siècles
après l’autonomie de le figure de l’artiste et 3 siècles après la première
théorisation de l’art ? (De Pictura Alberti 1435). L’autonomie de l’esthétique
est différente de l’autonomie de l’art malgré des corrélations.
Origine
du mot art : (32)
Ars
= activité désigne au départ avant tout des habiletés techniques, des métiers,
des savoir-faire.
32 :
« L’idée même d’esthétique au sens
moderne, n’apparaît qu’au moment où l’art est reconnu et se reconnaît, à
travers son concept, comme activité intellectuelle, irréductible à une
quelconque autre tâche purement technicienne. »
Baumgarten en 1750 : repère dans le temps, mais ne pas prendre
cela comme le seul repère exclusif. Ce qui est nécessaire: le beau doit pouvoir s’affranchir du
concept du bien et du vrai. Et l’imitation de la nature ne doit plus
être considéré comme la seule finalité de l’artiste.
L’évolution
de la façon dont on envisage l’art est possible dès lors des modifications
sociales, politiques etc transforment le fonctionnement de l’humain.
L’IDÉE
D’UNE CRÉATION AUTONOME
Héritiers
de SAINT AUGUSTIN (354 _ 430)
ALBERT
LE GRAND (1193 – 1280) dominicain
SAINT
THOMAS D’AQUIN (1230)
« Créer,
c’est produire qc à partir de rien. »
Réflexion
sur la notion d’origine, de commencement, de principe premier de toute chose.
Mais pas d’attribution de puissance créatrice à l’homme. (sous l’angle
théologique) La création reste le monopole de Dieu. L’homme n’a pas créé le
paradis terrestre, mais il est placé dans le jardin d’Eden pour le cultiver.
SAINT
AUGUSTIN (35) : « Ce pouvoir (de création) d’où viendrait-il à
l’esprit si vous n’aviez créé l’esprit … C’est vous (Dieu) qui avez créé le
corps de l’artiste, l’âme qui commande à ses membres, la matière dont il fait
quelque chose, le génie qui sonçoit et voit au-dedans de lui ce qu’il exécutera
au dehors. »
Dans : Saint Augustin, Les
Confessions, livre XI, chap. 5, Paris, Garnier-Flammarion 1964, p. 256
Prises de consciences menant à la
possibilité d’une autonomie esthétique
1. L’art est un mode d’action et un mode d’être
2. L’illustration et les exemples dans l’art de la
Renaissance : Conjugaison de la construction géométrique et de l’exécution
picturale, architecturale ou sculpturale incluant les valeurs du sensible,
l’observation de la vie concrète sur terre.
3. La notion de subjectivité de l’artiste n’est pas
encore analysée ni thématisé.
Faits en rapport avec
l’individualisation du sujet créateur et récepteur dans les arts
1.
D’autres œuvres
émergent que celles destinées à une utilisation collective, dont le financement
se fait par une nouvelle couche sociale : la noblesse, la bourgeoisie qui
met les moyens pour des œuvres d’art individuelles. Exemples (39 – 42)
2.
L’artiste signe
son œuvre.
RAISON
ET SENSIBILITÉ
- Imitation principe esthétique dominant
- (47) mode de représentation perspectiviste élaboré
par Alberti de façon mathématique sur la base des travaux de Brunelleschi
- Application du principe d’imitation à travers les
mathématiques. « Il s’agit de contrefaire la nature .. » (46)(47)
citation Giorgio Vasari (1511 – 1574)
« Les
peintres sont dans la dépendance de la nature : elle leur sert constamment
de modèle ; ils tirent parti de ses éléments les meilleurs et les plus
beaux pour s’ingénier à la copier ou à l’imiter. »
Giorgio
Vasari, Les vies des meilleurs peintres,
sculpteurs et architectes, édition critique sous la direction d’André
Chastel, Paris, Berger-Levrault, 1981, vol. 2
- Idée de l’ordre des choses instauré déjà par la
pensée de Pythagore au VIème siècle
- Le beau est lié à l’harmonie (concinnitas) (49)
impliquant un savoir scientifique et une rationalité
- L’idéal humaniste est considéré comme une étape qui
cherche à lier la raison à la sensibilité.
(54)
Influence du cartésianisme, plus de poids à la rationalité encore
Descartes,
Discours de la méthode
Se
rendre maître et possesseur de la nature,
toute nature : phénomènes de la
nature, nature biologique de l’homme, l’homme en tant qu’être moral, soumis aux
affects, aux passions
Descartes,
Abrégé de la musique, 1618
(55)
Définit les conditions du plaisir sensible à l’aide de principes mathématiques.
Descartes
est prudent sur cette esthétique, n’étant pas sûr tout à fait si l’on peut
expliquer par la raison un domaine qui relève aussi de la sensibilité. La
liaison entre raison et sensibilité serait plus d’ordre moral (expliquer
passions par la constitution physique de l’homme) que d’ordre philosophique.
Mais
la prise de position de Descartes, cherchant un agencement possible entre
raison et sensibilité, sera le terreau pour tous les débats ultérieurs :
- Nicolas Poussin (1594 – 1665)
- Félibien (1619 – 1695)
- Roger de Piles (1635 – 1709)
Ce
qu’on peut supposer : Le principe de « cogito ergo sum » (Je
pense donc je suis), amenuise, pour ne pas dire abolit, l’autorité divine. Car
selon D. dieu est le garant des vérités mathématiques et par déduction le
garant de notre pensée.
Conclusion
intermédiaire :
Evolutions
de la pensée médiévale (Dieu fait autorité, pensée scolastique) à la pensée de la Renaissance : Dieu
crée l’harmonie que l’humain peut essayer de décrire par l’application de
règles mathématiques et une interprétation du monde en appliquant la
perspective et les lois de l’harmonie.
Celui qui crée une évolution entre la pensée
scolastique du ma et la Renaissance:
Marcile Ficin
(1433 – 1499) Théologie platonicienne
Marcile Ficin
(1433 – 1499) Commentaire
sur le banquet de Platon
Effort
de conciliation entre pensée chrétienne et le platonisme (Néoplatonisme).
Passage
important : Autonomisation du raisonnement humain grâce au ‘cogito, ergo
sum’ de Descartes, posant la base
pour d’autres théories à venir telle que celle de Kant où le jugement subjectif
joue un rôle déterminant.
Suite :
LE SIECLE CLASSIQUE
Siècle
de la raison, de la création de nouvelles disciplines (esthétique, sciences
humaines, idées sociales ou pédagogiques), avec ses avancements et ses limites
car quelle place pour la sensibilité et l’imprévu ? Descartes a déjà
entrevu les limites de la raison :
Descartes Règles
pour la direction de l’esprit
(61 J) « Dès le milieu du XVIIème
siècle, le soupçon se fait jour que la raison n’est pas une, absolue, et ne
constitue pas l’unique source de connaissance. A l’inverse, on soupçonne que le sentiment n’est pas totalement leurre ni
dérèglement de sens, même s’il advient qu’on le confonde avec la
sensibilité. »
Distinction sentiment et sensibilité
Corrélation entre cartésianisme et le
pouvoir « immuable de l’Etat » (63)
- La raison est en liaison avec la volonté telle que la
connaissance avec une régulation des passions
- Descartes mort en 1650, 1653 La Fronde, Louis XVI
sacré en 1654 et Pascal se convertit au Jansénisme
- 16661 Colbert conseiller du roi, ouvre les portes à
Le Brun
- Les serviteurs de l’Etat sont cartésiens ou presque
- Pas beaucoup de liberté dans la création
- Beauté et grâce correspondant respectivement à la
raison et l’âme. De l’alliance des deux résulte la splendeur divine, le
« je ne sais quoi » de Félibien (66)
- Intérêt pour le sujet plus que l’objet (Roger de
Piles), (67) « l’importance que revêt la notion du goût, c’est-à-dire les
mouvements secrets de l’âme, signifie la prise en compte, encore timide, il est
vrai, de l’expérience esthétique de
l’individu. » (on y est !!!!!!!)
------Lire
directement les deux chapitres.
1)
La question de
la couleur (68)
2)
La querelle
entre les anciens et les modernes (73)
Description
et exemplification des relations possibles
entre la sensibilité et la force propre des matériaux et la conception de
l’image par l’intelligence. Emergence du problème suivant : la
recherche d’un autre type de raisonnement que celui procédant par la
rationalité est nécessaire.
(78) « En somme, le terrain d’entente se
trouverait dans une autre raison, différente de la raison mathématique et
logique, une raison adapté à son nouvel objet. On l’appellerait raison esthétique ou raison poétique. Elle
pourrait constituer un intermédiaire entre la raison et l’imagination, entre
l’entendement et la sensibilité. Et finalement c’est l’individu, le sujet qui
réaliserait en quelque sorte l’harmonie entre les facultés, .. »
Catégorie
du sublime
Longin
Traité
du sublime
Félibien lance
l’idée que (79 et 80 Jimenez) :
Citation
de Jimenez :
« le « je ne sais quoi »
est lui aussi mouvement (de l’âme), c’est-à-dire force, énergie qui remue le
sujet, concerne son expérience propre, affecte les passions de son âme. Autrement dit, ce ne sont plus les règles
supposées idéales de beauté qui servent
ici de référence, mais ce que ressent l’individu dans sa
confrontation avec l’objet)
Ce
même pressentiment du rôle joué par l’expérience sensible, au détriment de la
raison, se joue aussi chez Roger de Piles. Prendre parti
en faveur du coloris, du « beau fard » - qu’il célèbre dans les
tableaux de Rubens – contre le dessin, contre l’obéissance aux règles
canoniques qui le régissent, c’est promouvoir une forme de plaisir spécifique
lié, à la fois, à l’autonomie de l’artiste, confié à suggérer des formes
affranchies de l’ordonnance graphique et à la liberté du spectateur, invité à
jouir sans restriction des « charmes de la couleur » (expression de
Gabriel Blanchard à la conférence de l’Académie).
Cette reconnaissance du rôle de l’expérience et des sensations et
la place que la réflexion esthétique
tend à accorder au sentiment et à l’imagination correspondent, à la fin du
XVIIème et au début du XVIIIème siècle, à un profond changement de mentalité
… »
Attitude
déterminante de Roger de Piles et Félibien : s’intéresser au spectateur
EMPIRISTES ET RATIONALISTES 81ion
Empiristes : accordent la priorité à l’expérience sensible.
Toutefois il ne sont pas en train de nier toute rationalité. L’idée est la représentation
à postériori de ce qui agit sur les
sens.
Au
lieu d’opposer frontalement la raison et les sensations ou expériences
sensibles, le terme de déliaison de la
raison est proposé par
Jimenez, chaque partie d’un mécanisme peut fonctionner de façon indépendante,
tout en restant en interaction avec les autres parties.
La
déliaison mobilise des contradictions que les empiristes explorent en créant
des agencements mouvants entre raison et sensibilté provoquant un ébranlement
de certains principes classicistes.
Exemples
p 83
Thomas
Hobbes 1588 – 1679
John
Locke 1637 – 1704
Lord
Ashley, comte de shaftersbury : Lettre
sur l’enthousiasme
L’enthousiasme permet de trouver des liens entre raison et
sensibilité, en permettant à trouver des valeurs transcendants (reliant le
vrai, le bien et le beau comme dans le platonisme).
Francis
Hutcheson 1694 – 1747 : esthétique subjectiviste fondé sur le sentiment
intérieur.
Hume
creusant les thèses de Locke, départ à la Flèche en FR, traduira
Rousseau :
Accusé
d ‘hérésie à cause des thèses suivantes dans :
Traité de la nature humaine 1739
Essais philosophiques sur l’entendement
humain 1758
Hume
passionne les Encyclopédistes. Amitié avec Rousseau. Influence sur Condillac,
représentant français de l’Empirisme. Condillac ami de Rousseau, Diderot et
Alembert.
Tour
d’horizon extrêmement bref de ces auteurs en vue de cette œuvre de Kant :
De la dissertation 1770
III
– Deliaison et autonomie
Ambiguïtés
de l’autonomie esthétique
Flashback : Avant Aristote et
Platon et écrits perdus
Aristote :
Traité du beau (perdu)
Pline
l’Ancien (79 après JC) Histoire de la
nature
Dione
Chrysostome (1er siècle après JC) un des premiers critiques d’arts,
études comparés entre les différents âges
Longin
Traité du sublime (quand ?)
Saint
Augustin (354 – 430)
Donc
écrits sur le beau depuis un moment, mais : que faut-il pour parler d’une
autonomie esthétique ?
- Un sujet avec une pensée indépendante 91 « faculté
de juger librement de la beauté de la nature et de l’art »
- « ou bien on entend par l’autonomie l’idée d’une
isolation d’une sphère artistique
- « capable elle aussi de donner accès à l’Idée, à
la Vérité, au Sens, à l’Absolu, et susceptible de rivaliser avec la Science et
la Philosophie.
Premières déliaisons en Renaissance, mais comment
l’esthétique se libérera réellement de tutelles religieuses, politiques
etc ? 92 Mais attention une absolue autonomie voudrait aussi dire que la
sphère artistique serait totalement isolé de la vie. Entre les tutelles et les
dépendances et une indépendance totale quel est l’intermédiaire qui permet de
parler de l’autonomie ?
Plutôt envisager l’idée d’une émancipation de
l’esthétique : mais pour une réelle émancipation il faut s’interroger sur
la finalité de cette discipline.
- La critique
de la faculté de juger de Kant mobilise l’idée d’un individu capable de
juger en se servant d’un sentiment (universel, réflexif, désintéressé en ce qui
concerne le jugement esthétique.
- Hegel défend lui la thèse historiciste : tout
jugement esthétique étant impliqué dans un processus historique, chaque grande
époque historique mobilisant d’autres qualités esthétiques, en mobilisant une
Idée et un Esprit particulier qui lui détermine la formation des œuvres d’art.
En
tout cas après Kant et Hegel on ne remettra plus en question le sujet-récepteur procédant à un jugement
esthétique.
Autres
catégories mobilisées - La singularisation de l’Art permet de mieux penser (95) :
- Relations Art et Nature
- Beau Naturel/Beau Artistique
- Le Sublime dans l’art ou dans la nature
- La catégorie du Sublime (que Kant tente de définir
après Burke) restera toujours difficile à résoudre et semble aussi être au cœur
de l’esthétique. « N’est-elle pas condamné à rester ce
« je-ne-sais-quoi », qui à la différence du beau, glisse à jamais
entre les mailles du langage rationnel ? » (Jimenez 95)
SENTIMENT
ET GÉNIE (95)
Jean-Baptiste
Du Bos Réflexions
critiques sur la poésie et la peinture, 1719
Paradoxalement
Du Bos est un des représentants de la doctrine classique. Il est le secrétaire
perpétuel de l’Académie, s’intéresse encore aux rapports entre la poésie et la
peinture. L’influence des empiriste et de Malebranche sur lui est notable. Il
questionnera le rapport entre l’âme et le corps, en bon connaisseur de
Descartes.
Influence
de Malebranche : définition de la distinction entre sensation et
sentiment : « l’âme ». « le sentiment naturel »
(97)
« Si les sens nous permettent de percevoir les rapports, les proportions, l’harmonie
dans les choses, cela prouve qu’ils ne sont pas contraires à la raison. Ils
obéissent à un agencement, à un ordre rationnel, voulu par Dieu. La raison et
le sentiment ne sauraient donc être incompatibles. »
Dans
la question de la réception des œuvres Du Bos pose la question de
l’amateur : comment lui perçoit il les œuvres ? Du Bos argumente pour
une réception sensorielle de l’œuvre, donc pas besoin de lire des critiques
pour comprendre celle-ci. Notre goût déterminera la prédilection que nous avons
pour les œuvres .
Une
œuvre qui nous touche peut autant nous procurer du plaisir que nous affliger.
A
noter dans l’œuvre de Du Bos : le mot « art » est synonyme de
peinture
A
travers la primauté des sensations et du goût sur le raisonnement rationnel, DB
change les priorités dans le raisonnement en esthétique et permet l’éclosion de
la notion du goût et du génie (avec une tentative d’une explication physiologie
du génie).
(100)
Charles
Batteux Les beaux-arts réduits à un même principe
1746
« Le génie est celui qui sait percevoir la nature sous
des rapports nouveaux. »
Diderot Encyclopédie
Le
génie « pur don de la nature » y est défini par rapport au goût et au
beau . Le génie donne naissance au sublime. Autrement dit, les règles et
les préceptes académiques sont incompatibles avec l’émergence du génie et donc
du sublime (101) Le génie, pour Diderot ne vise pas la perfection.
DES
BEAUX-ARTS À L’ART (102)
Pour
que les beaux-arts puissent être rassemblé sous une seule notion, celle de
« l’art », il faut qu’elle puissent être subsumé sous un concept
universel.
Charles
Batteux a ouvert la voie pour le procédé de subsumation, en proposant que le
principe qui réunirait les beaux-arts soit celui de l’imitation.
Lessing
avait tenté un autre point d’attaque : celui de séparer radicalement les
arts, mais cela ne « conduit pas à la science de la sensibilité de
Baumgarten, ni à l’esthétique du goût de Kant, mais à la philosophe de l’art de
Hegel. » (103)
Voici
donc une citation de Hegel, que Jimenez reprend : (103)
« Il
fut un temps où il n’était question que de ces sensations agréables et de leur
naissance et développement, temps où beaucoup de théories de l’art virent le
jour …. C’est Baumgarten qui a donné le nom d’esthétique
à la science de ces sensations, à cette théorie du beau. A nous autres
Allemands ce terme est familier ; les autres peuples l’ignorent. Les
Français disent théorie des arts ou les
belles-lettres ; les Anglais la rangent dans la critique (critic) … . A vrai dire le terme esthétique n’est pas tout à fait celui qui convient. On a encore
proposé des dénominations : « théorie des belles sciences »,
« des beaux-arts », mais elles ne sont pas maintenues, et avec
raison. On a également employé le terme « callistique », mais ici il
s’agit, non du beau en général, mais du beau, création de l’art. Nous allons
donc nous en tenir au therme d’esthétique,
non parce que le nom nous importe peu, mais parce que ce terme a reçu droit de
cité dan le langage courant, ce qui est déjà un argument sérieux en faveur de
son maintien. »
Hegel,
Esthétique, Paris, Aubier, Ed.
Montaigne, 1944, p.17-18
Maintenant
nous allons nous interroger comment on en est arrivé à la notion unitaire du
mot art :
DE
L’UT PICTURA POESIS AU LAOCOON DE LESSING
(104)
« La peinture doit-elle être
telle une poésie muette et un poème tel un tableau parlant ? »
A
l’origine du débat : une phrase du poète latin du 1er siècle
avt JC : Horace, ami de Virgile et protégé de Mécène : « Ut
pictura poesis erit », la poésie comme la peinture.
En
gros la création possède un pouvoir de description (105)
N’oublions
pas : au départ il revient à la poésie de s’inspirer des pouvoirs de la
peinture et non l’inverse. Mais comme la poésie a fait partie des arts libéraux
avant la peinture, la peinture s’est servie par la suite de la renommé de la
poésie, qui était un art libéral, immatériel, proche de l’imaginaire et de
l’esprit humain.
(105)
« Rappelons l’enjeu : à une époque où les artistes peintres abandonnent le statut d’artisans, et où la
peinture accède au rang d’activité libérale, intellectuelle, voire
scientifique, il est essentiel de lui conférer des lettres de noblesse.
N’oublions pas que l’éloquence et la poésie sont, à cette époque, en tête des
arts libéraux, tout comme, au Moyen Age, la grammaire, la rhétorique, la
dialectique, les arts du langage. »
Léonard
de Vinci va aller jusqu’à trouver les arguments pour conférer à la peinture un stade supérieur dans son Traité de
la peinture.
« Comme
nous avons conclu que la poésie s’adresse en principe à l’intelligence des
aveugles, et la peinture à celle des sourds, nous accorderons d’autant plus de
valeurs à la peinture par rapport à la poésie qu’elle est au service d’un sens
meilleur et plus noble qu’elle. Cette noblesse est aussi trois fois plus grande
que celle des autres sens, puisque la perte du sensé de l’ouie, de l’odorat ou
du toucher a été choisie plutôt que celle de la vue…
La
question de la hiérarchie des arts ne va pas être débattu en priorité par les
classiques. Il arrive plus souvent que l’on pose la question du rapport de
l’art à l’imitation. (Charles Batteux, Les beaux arts réduits à un même
principe).
Mais
imiter la nature, c’est imiter la « belle nature ». Rapport triangulaire
entre nature, règles classiques appliquées à l’imitation. (107)
« L’imitation est soumise à un impératif : plaire, remuer, toucher.
Et le moyen de ce plaisir est le goût : amour de soi-même. »
« La
belle-nature est donc la nature transfigurée par le génie et celle qui
satisfait notre goût. »
1766 Lessing,
Laocoon sur les frontières de la peinture
et de la poésie
(108)
Lessing insiste sur les qualités spécifiques de chaque art, donc aussi
autonomie de chaque art, chaque mode d’expression. Donc par exemple : Le
langage n’est plus asservi aux modèles picturaux.
Les
rapports entre les arts changeront au XIXème et au XXème siècle
On
essayera (après l’acquisition de l’autonomie de chaque art) de trouver des
correspondance entre les différents arts.
Ex.
Correspondances entre les sons et les couleurs en cherchant des similitudes
structurales entre différentes œuvres.
-
Poèmes de Rimbaud, phénomène d’audition colorée
-
Les analogies entre les arts dépendent aussi des capacités de certains artistes
-
Rêve de l’œuvre d’art totale (Gesamtkunstwerk) Wagner, Alexander Scriabine.
Etienne
Souriau, Eléments d’esthétique comparé dans La correspondance des
arts, 1947.
Quant
au débat de la séparation des arts et l’affirmations des particularités on peut
voir le prolongement de ce type de pensée dans les théories de Clément
Greenberg (1909 – 1994).
Le
prolongement au contraire de l’idée d’une correspondance des arts peut être
rencontré dans la Théorie esthétique d’Adorno,
qui pense que le croisement des arts est représentatif pour l’art moderne du
début du siècle aux années 50. Toutefois cette unité entre les arts ne pense
pas nécessaire une abolition des frontières entre les arts. Il s’agit plutôt de
trouver le dénominateur commun entre les arts dans ce qui aide à manifester
leur modernité : on peut le déceler dans l’association entre l’expression et la construction. Les
artistes modernes déconstruisent et reconstruisent les formes à l’exemple de
Guernica de Picasso. Dans cette reconstruction il y a des fragments-choc, comme
des bouts de visages humains ou animaux. (111)
Donc
il y a deux tendances, la spécialisation extrême des arts ou des œuvres
utilisant des points de convergence entre les arts.
DIDEROT
ET LA CRITIQUE D’ART
La
conséquence de l’émancipation des arts : naissance de la critique d’art.
(113)
La
Font de Saint Yenne « Un tableau exposé est un livre au jour de
l’impression. C’est une pièce représenté sur le théâtre : chacun a le
droit d’en porter son jugement. (Réflexions
sur quelques causes de l’état présent de la peinture en France, avec un
examen des principaux ouvrages
exposés au Louvre le mois d’août 1746). (114)
Burke : (1757) « L’art ne
peut jamais donner les règles qui constituent l’art »
Donc
affirmation de l’idée que les gens en
dehors de la sphère artistiques sont aptes à procéder à une réflexion et un
jugement artistique. Emergence d’une pensée critique et démocratique impliquant
aussi l’idée que l’éducation nous avance vers la pensée critique. « On
sait quelle place Platon accorde à l’éducation : l’individu éduqué est en
mesure de juger de façon légitime. Cet acquis lui sert en somme de critère. En
grec, une même racine donne naissance au mot juger, distinguer et au mot critère
(krinein). » (115)
La
critique est en lien avec la philosophie (116) Elle a aussi une fonction
pédagogique au sens où elle peut instruire le profane. Cette instruction permet
un élargissment de l’audience. Ce qui importe c’est l’espace de liberté créé
par le critique en instaurant la discussion.
(119)
Si on compare les écrits à Diderot aux considérations esthétiques d’avant, on y
trouve un autre style d’écriture mêlant la passion, l’enthousiasme et la
description de sensations. Il donne ainsi à ces éléments une place
d’importance.
Diderot
philosophe des lumières, pensée encyclopédique.
BAUMGARTEN
ET LES BELLES SCIENCES
Mais
la pensée subjective peut-elle être généralisé ? Et comment peut-on
aborder la belle-science sachant que la notion du beau possède plusieurs
acceptations ?
Beau
platonicien : renvoyant à une idée du beau – une essence. Beau selon
Aristote lié aux sensations. Il est possible de donner des critères du beau,
mais cela est un frein au jugement subjectif. L’esthétique implique dans son
histoire ce paradoxe : vouloir laisser libre cours à un jugement subjectif,
tout en éprouvant la nécessité de donner des critères à ce type de jugement.
IV
DU CRITICISME AU ROMANTISME
L’AUTONOMIE
DU JUGEMENT DE GOÛT SELON KANT
Kant,
Critique de la faculté de juger (1790)
En
amont :
Critique
de la raison pure
Critique
de la raison pratique : mobilise les raisons à priori par rapport à la
faculté de désirer
- Jugement à priori (à questionner donc par rapport à
l’expérience artistique)
- jugement réfléchissant, concernant l’esprit qui lui
appartient au sujet
- jugement désintéressé, sans finalité du beau
artistique et naturel
- jugement à base du sentiment considéré comme
universel contrairement aux sensations. Mais attention : Kant parle de la
« possibilité » du jugement universel.(134) Cet assentiment est une
idée dont on ne cherche pas tout de suite le fondement.
- Puisque le jugement de goût est considéré comme
universel il est communicable aux autres.
- Distinction d’une beauté artistique et naturelle.
Kant parle plus de la beauté naturelle qu’artistique.
- Le beau suscite une satisfaction, mais c’est une
satisfaction désintéressée
- Distinction entre les beautés libres et adhérentes.
Les beautés libres ne se rapportent à aucun concept (140) Les beautés
adhérentes sont liées à une fin, à un concept de perfection
- Beau artistique : libre jeu des facultés, la
seule fin est l’harmonie des facultés
-
Dans
l’argumentation de Kant rapport étroit toutefois entre le beau naturel et le
beau artistique et cette argumentation détermine en force de ce qui est
l’identité des beaux-arts à cette époque :
Jimenez
(143) :
« Le
statut des beaux-arts dépend directement de cette supériorité du beau naturel.
L’expression beaux-arts pose déjà problème en elle-même, et Kant s’attache à
dissiper tout malentendu : « Il n’y a pas de science du beau, mais il
n’en existe qu’une critique, et il n’y a pas de belle science, mais seulement
des beaux-arts. » (§44 dans la critique de la faculté de juger « Des
beaux-arts »)
…
«
Mais il y a plus important : les beaux-arts ne sont de l’art que s’ils ont
l’apparence de la nature : « Face à une productiond es beaux-arts,
nous devons prendre conscience qu’il s’agit d’art et non d’un produit de la
nature ; mais, dans la forme de cette production, la finalité doit
apparaître aussi libre de toute contrainte imposée par des arbitraires que s’il
s’agissait d’un simple produit de la nature. » (§45) »
Toutefois,
gare au contre-sens : il n’y a pas d’obligation d’imiter la nature. Car
« si l’imitation devenait une règle du beau, elle s’imposerait à la fois
comme concept et comme finalité. » (144)
Le
sublime (147)
1764
Kant, Observation sur le beau et le sublime (antérieur à la critique de la
faculté de juger)
Le
jour est beau, la nuit est sublime. Sublime est ce qui effraie, émeut, nous
trouble.
Goethe,
poète du Sturm und Drang n’aime pas les raisonnements froids de Kant.
Raisonnements
de Kant raisonnements formels,
-
Sublime mathématique (entendement et raison) absolument grand, non mesurable,
l’imagination est obligé de capituler, et la raison prend le relai là où
l’entendement trouve ses limites
-
Sublime dynamique (imagination) (149)
Les
deux se manifestent différememt, créent un conflit dans nos facultés. La
critique de Kant est formaliste et parfois critiqué comme vide de son contenu,
mais son formalisme a permis de poser les bases et une orientation dans les
critères possibles pour un jugement esthétique. C’est pourquoi il est difficile
d’ignorer les bases du jugement esthétique créées par Kant.
AUTONOMIE
ESTHÉTIQUE ET HÉTÉRONOMIE DE L’ART
De
Kant à Hegel
Hétéronomie :
Etymologie : du grec ancien heteros,
autre et nomos, loi.
L'hétéronomie est le fait de ne pas être autonome, d'être influencé par des facteurs extérieurs ou par le milieu environnant. C'est l'état d'un groupe ou d'un individu qui se soumet à des règles ou à des lois extérieures.
Opposé à l'autonomie, l'hétéronomie est l'incapacité à établir ses propres lois et à se gouverner d'après elles.
En philosophie, chez Emmanuel Kant (1724-1804), l'hétéronomie est le caractère de la volonté quand elle se détermine en fonction de principes extérieurs à elle-même. Il l'oppose à l'autonomie qui est la capacité de se donner à soi-même ses propres lois, ce qu'on ne peut valablement concevoir que dans le domaine de la liberté morale.
L'hétéronomie est le fait de ne pas être autonome, d'être influencé par des facteurs extérieurs ou par le milieu environnant. C'est l'état d'un groupe ou d'un individu qui se soumet à des règles ou à des lois extérieures.
Opposé à l'autonomie, l'hétéronomie est l'incapacité à établir ses propres lois et à se gouverner d'après elles.
En philosophie, chez Emmanuel Kant (1724-1804), l'hétéronomie est le caractère de la volonté quand elle se détermine en fonction de principes extérieurs à elle-même. Il l'oppose à l'autonomie qui est la capacité de se donner à soi-même ses propres lois, ce qu'on ne peut valablement concevoir que dans le domaine de la liberté morale.
Kant affirme l’autonomie de
la sphère artistique. Pose des jalons dans l’esthétique qui permettent
différents types de raisonnements là où tous les esthètes avant s’étaient
alignés sur Baumgarten.
Kant limite les pouvoirs de
la raison aux phénomènes. « il avait barré … la question de l’Etre :
l’Absolu, la Vérité, les choses en soi, les noumènes ne sont pas affaire de la
raison. » (162)
Le noumène :
Terme créé par Kant et qui n'a
guère d'usage et de sens qu'à l'intérieur de la philosophie kantienne. Le mot
« noumène » est transcrit du grec, et sa signification littérale est
empruntée à la philosophie platonicienne ; noumène (noumênon) est employé par Platon pour
désigner les idées en tant qu'elles sont l'objet de l'intelligence pure (nous). Le noumène paraît donc d'abord
s'opposer chez Kant au phénomène, comme l'intelligible au sensible chez Platon.
Toutefois, le noumène kantien est un concept essentiellement problématique
et négatif : on
appellerait « noumènes », lit-on dans la Critique de la raison pure, des choses
qui seraient à la fois de purs objets de l'entendement et donnés en tant que
tels à une intuition mais non à l'intuition sensible. Ils seraient donc l'objet
d'une intuition intellectuelle, qui, pour Kant, à la différence de Platon,
n'est pas la nôtre, et dont nous ne pouvons même pas concevoir la possibilité.
On voit le paradoxe : le noumène kantien, c'est-à-dire
l'« intelligible », est de fait l'inconcevable. L'être humain se voit
refuser, dans la philosophie kantienne, tout contact direct et intuitif avec
l'Idée. Sensible et finie, sa faculté de connaître est limitée. La contrepartie
positive de cette limitation se dévoile dans la philosophie morale. Avant
d'aborder ce point, quelques distinctions terminologiques s'imposent : on
assimile, en effet, chez Kant, en tant qu'ils s'opposent au phénomène, le
noumène, la chose en soi et l'objet transcendantal. Il convient cependant de
les distinguer : la chose en soi est
la chose indépendamment de toute relation à un acte de connaissance quelconque.
C'est une sorte d'absolu insaisissable. Conçu dans la mesure où il est supposé
à titre de fondement de ce qui nous apparaît dans le phénomène, l'objet transcendantal est le concept
d'un objet en général, c'est-à-dire de quelque chose de tout à fait
indéterminé, qui est strictement corrélatif de l'unité de l'aperception (c'est
« quelque chose X, dont nous ne savons rien du to […]
Les
frontières entre les noumènes et les intuitions sensibles seront brouillés par
Schelling, Fichte, Hegel
Fichte
(1762 – 1814) idéalisme subjectif : il repose sur l’unité de l’esprit, du
moi. Ce moi est libre et indépendant. C’est lui qui pose le monde en dehors de
lui. Fichte retient de Kant l’idée d’intersubjectivité et d’universalité
Schelling :
versant objectif de cet idéalisme. L’esprit ne se confond pas avec le moi.
Hegel
dépasse ces deux conceptions idéalistes : avant cela passons en revue les
mouvements qui y mènent.
Le
mouvement « Sturm und Drang », « Tempête et assaut » née
avant la révolution française, sous l’empereur Frédéric II en pleine période « Aufklaerung ».
Goethe,
Souffrances du jeune Werther, 1774
Goethe
est romantique, à cette époque syncrétismes en philosophie, mélange
romantismes, classicismes, mobiliser les arts est la priorité. Enjeu :
sauver l’Europe grâce à la culture. Modèle médiéval, modèle antique (réactivé
avec des découvertes dans les fouilles) réactivés pour mobiliser des valeurs
culturelles qui pourraient parer au chaos. Au début du XIXème siècle rôle de
l’esthétique et de l’art modifié. Schelling et Hoelderlin assignent une
vocation métaphysique, voire théologique à l’art : sacralisation de l’art,
l’art donne accès à la vérité, à l’absolu. Mais d’autres attribuent aussi des
tâches profanes à l’art (tâches pédagogiques, sociales, politiques).
Une
prédominance de l’art (en tant que force de l’être) sera le pendant au
classicisme, criticisme, romantisme ou la philosophie est vue comme une force
déterminante. ( ?) Ce sera la théorie spéculative de l’art (terme de
Jean-Marie Schaeffer, l’art de l’âge moderne : révéler la nature de l’Art
comme théorie de l’être). Hegel et sa philosophie seront le point culminant de
cette mouvance : Il fera « la dernière tentative pour penser l’Art
dans sa liaison majeure avec l’Absolu ». (169)
L’éducation
esthétique selon Schiller 170
Friedrich
von Schiller, Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme, 1794/95
Différence
entre Schiller et Kant, malgré le fait que S voit comme K un lien entre la
moralité et l’esthétique : Schiller cherche une application directe de
l’esthétique dans l’art. Et en plus ils peuvent « servir les desseins de
l’humanité, à savoir une vie harmonieuse et libre, conforme à la fois à la
nature et à la vertu. » 171 « Cet idéal satisfait l’intérêt aussi
bien de l’individu que de l’homme au sens générique du terme. »
La
terminologie change aussi entre Kant et Schiller : là où Kant parle de
« facultés » Schiller parle d’instincts : instinct formel (Formtrieb),
instinct sensible (sinnlicher Trieb). Toutefois Trieb et instinct ce n’est pas
la même chose. Schiller définit ces pulsions comme étant des énergies. Les
pulsions peuvent être orientées par l’éducation, l’éducation étant élémentaire
pour un philosophe des lumières tel que Schiller. L’éducation par la beauté
permettrait ainsi de dépasser l’Etat sensible, d’accéder à l’état esthétique
grâce à la maîtrise raisonnable des pulsions et de parvenir à l’Etat politique
garant de l’autonomie ainsi acquise.
Schiller
n’a pas beaucoup laissé de trace dans la réflexion esthétique en général.
Parmis les auteurs plus contemporains Herbert Marcuse est un des rares à avoir
prêté attention à l’œuvre de Schiller. (Herbert Marcuse, Eros et civilisation
1955)
Schlller
pressent déjà qu’avec le développement de la société, ce qui compte, c’est le
rendement économique, avec ses conséquences : activités en miettes, luttes
des groupes d’intérêts, vie mutilée, ressentiment des exclus de la culture
envers l’élite.
L’initiation
à l’esthétique selon Jean-Paul
Johann
Paul Friedrich Richter (1763 – 1825), reconnu par Nietzsche qui dit que c’est
« un des hommes les plus caractéristiques de l’époque » (177).
1804
Cours préparatoire d’esthétique
écriture
fragmentaire, défi à la pensée systématique, ce n’est pas un traité mais un
ensemble de paragraphes. « Le fragment est comme un grain de pollen chargé
de semer la vérité. » (179) « On pourrait dire , paradoxalement,
que le fragment n’est pas fragmentaire : c’est un microcosme, parfait en
soi : « Pareil à une petite œuvre d’art, un fragment soit être
totalement détaché du monde environnant, et clos sur lui-même en
hérisson » (180) dit Schlegel dans Athaeneum.
La
Grèce de Winckelmann devient phantasme pour Jean-Paul.
Il
est un des premiers à profiter de l’autonomie esthétique. Il en profite pour
créer un langage inédit un discours spécifique unique en son genre, dont se
souviendront plus tard Schopenhauer et Nietzsche et au XXème siècle Walter
Benjamin et Theodor Adorno.
Toutefois
avant ces auteurs cités ci-dessus il y aura Hegel
HEGEL
ET LA PHILOSOPHIE DE L’ART
Pose
la question de la possibilité d’enseignement d’une discipline qui n’existait
pas à son époque en 1805 ? L’esthétique.
Le
beau : un « génie amical »
Pour
Hegel il s’agit de montrer que la philosophie de l’art « forme un anneau
nécessaire dans l’ensemble de la philosophie ». Hegel part de l’idée du
beau, qui est un concept général, car il n’y a de science que du général. Il
cite aussi Platon (Hippias majeur) « On doit considérer, non les objets
particuliers, qualifiés de beau, mais le Beau. Toutefois contrairement à Platon
pour H. l’apparence de l’art est réelle et on a besoin de cette manifestation
sensible.
Le
beau est une production de l’Esprit.
L’art
ne saurait pas avoir pour but d’imiter la nature (contre-pied avec Aristote).
« Le
but de l’art n’est pas de satisfaire le souvenir, mais l’âme et
l’esprit. »
D’où
les relations privilégiés avec la religion et l’esprit.
Certitude
de Hegel : l’esprit absolu régit l’ensemble des activités humaines.
Classifictions :
- L’art symbolique, l’art classique et l’art romantique
expliqués dans Le système des arts (188)
- Art symbolique (art hindou imparfait, art
égyptien) : Incarnation en l’architecture. La forme incarne imparfaitement
le contenu
- Art classique (les anciens grecs) : Incarnation
en la sculpture. Adéquation entre la forme et le contenu. Le contenu est puisé
dans les Dieux grecs
- Art romantique (Moyen Age) : peinture, poésie,
littérature. Le contenu prévaut dans son importance. Le contenu est puisé dans
l’histoire du Christ. Cet art couvre la plus longue période, du début du
Christianisme jusqu’à l’âge d’Hegel.
Formes
artistiques attribués à ces époques : ce serait la forme d’art privilégiée
de chaque époque. Dans cette hiérachie spirituelle, la poésie occupe le plus
haut degré.
La
dissolution de l’art romantique serait la fin des grandes époques de l’art en
communication avec l’Esprit (l’esprit esthétique selon Hegel) Ensuite,
avènement de la modernité. Nostalgie des grandes époques mais aussi :
« Seul le présent existe dans toute sa fraicheur, le reste est fané et
flétri. »
L’idée
de la fin de l’art vient de l’agencement qu’il conçoit entre l’art et les
autres disciplines de l’Esprit : (197) « Dans la hiérarchie des
moyens servant à exprimer l’absolu, la religion et la culture issue de la
raison occupent le degré le plus élevé, bien supérieur à celui de l’art. »
La
naissance de l’esthétique moderne
Citation
de Hegel (199)
« Pour
dire encore un mot de cette manière de donner des recettes indiquant comment le
monde doit être, la philosophie en tout cas, arrive toujours trop tard. Pensée
du monde, elle n’apparaît qu’à l’époque où la réalité a achevé le procès de sa
formation et s’est parfaite..
Jimenez :
la philosophe d’Hegel s’achève dans son propre dépassement. Un système clos,
unifié et parfait semble devenir obsolète dès qu’il est achevé, puisqu’il lui
est difficile d’anticiper de nouvelles idées ou valeurs en construisant en
système à partir de l’existant.
DEUXIÈME PARTIE
HETERONOMIE
DE L’ESTHÉTIQUE
Au
XIXème siècle, l’esthétique en essayant d’atteindre l’autonomie a formulé des
principes qui ont rendu la pensée sur l’art malléable et malléable :
- le prinicpe d’imitation n’est plus la condition sine
qua non pour une œuvre d’art
- reconnaissance de la subjectivité
- développement de la notion du génie et du sublime
- statut de l’œuvre d’art
- rôle de la critique
- mise en cause du dogmatisme et de l’académisme
- notion de déliaison
- déliaison vis-à-vis d’anciennes tutelles
En
introduction un état des lieux de ce qui a été mobilisé dans les différents
écrits jusqu’au XIXème :
- Diderot, Schiller : importance du discours sur
l’art pour le développement d’une pensée critique et autonome à propos de
créations actuelles et passées.
(210/211)
« En ce sens, nous pouvons dire que l’autonomie de l’esthétique permet de
penser l’hétéronomie de l’art, sous-entendu : de réfléchir à ce que
représente, ou représentait dans le passé, le phénomène « art ».
Parce qu’elle est autonome, l’esthétique peut analyser les rapports que l’art
entretient avec d’autres aspects de la culture propre à une société déterminée
en un moment donné de son histoire. »
Désormais
il s’agit en premier de définir quelle base de réflexion à formée notre pensée
en esthétique grâce aux écrits des premiers grands auteurs.
- Aristote : principe de l’imitation, formes
d’expressions avec une idée d’unité, catharsis des passions grâce à leur
représentation (principe de l’empathie et de la prise de conscience). Le
princip de l’imiitation et la catharsis contribuent à l’éducation civique.
- Hegel marque un tournant car il a autant conscience
des œuvres du passé que de leur finitude ce qui ouvre des perspectives, de
nouvelles possibilités sur l’avenir.
- Nietzsche (1844 – 1900) rompt dans sa philosophie
esthétique avec les héritages du passé. Contrairement à lui d’autres auteurs
conservent des bribes du passé tout en pensant l’actualité ce qui produit de
drôles de distorsions. Il faut aussi dire que Marx est philosophe et théoricien
du capital et Freud fondateur de la psychanalyse, donc ce ne sont pas des
penseurs « professionnels » en esthétique (212)
Résumons :
l’hétéronomie de l’art est ambiguë : l’art veut s’affranchir de certaines
conditions de la vie qui semblent être extérieur au domaine de l’art, mais
l’art se nourrit aussi de cette vie, compose avec le monde qui l’entoure.
PLATION
ART DANS LA CITÉ 214-22
Je
recommande de lire cette argumentation de but en but.
Car
Jimenez pose le problème de la pertinence et aussi des limites des
argumentatinons de Platon et d’Aristote (et je suppose que l’on peut rattacher
cela aux idées de Dewey dans l’expérience de l’art)
- Les théories de Platon et d’Aristote persistent et
sont constamment confrontés au questionnement suivant : Quelle indépendance
donner aux idées par rapport à l’univers physique et réel, quelle position des
idées par rapport à l’expérience sensible ?
- Dans les théories de Platon, si le beau est associé
au bien et au vrai, c’est parce que Platon fonde ses théories sur une
finalité : la création d’une cité idéale, la fondation d’un bon
fonctionnement en société.
- Dans Hippias
majeur, sous forme de dialogue avec Socrate, Platon argumente avant tout
autour des idées du beau, mais pour arriver à la conclusion qu’il est quasi
impossible de définir le beau en soi. Donc gare aux interprétations erronées comme
quoi Platon aurait posé des bases immuables en ce qui concerne les idées sur le
beau, le bien et le vrai. Chap..Echec et définition du beau 217
- Et puis pour Platon il est moins question d’art que
du lien indissociable entre beauté amour et savoir.
- La critique de l’imitation : (223) Les arts se fondent sur des relations
arithmétiques. Platon invoque Pythagore : les pythagoriciens ne
prétendent-ils pas que les oreilles ont été formées pour le mouvement
harmonique comme les yeux l’ont été pour l’astronomie ?
- On peut dire que P. est intransigeant : dans
tous les rapports qu’il émet entre le monde du sensible et les idées, ce sont
toujours les produits de l’Esprits qui sont « gagnants ».
- Il faut considérer les œuvres de Platon (né en 428 av
JC) dans leur interrelation (dates difficilement déterminables) La république (titre grec politeia), le banquet,
Phèdre ont dû être écrit dans une période entre 385 et 370 av JC.
- Comment Platon argumente-t-il pour l’enthousiasme des
hommes de la beauté terrestre ? L’homme a l’expérience d’une réminiscence
de l’idée du Beau en voyant la beauté terrestre.
Jimenez
(229) : « Pour parler de façon anachronique, on pourrait dire que
Platon développe, parallèlement à une esthétique idéaliste, une esthétique de
la réception, de l’effet, et que sa réflexion sur l’art tient à a fois de la
sociologie et de la psychologie de l’art. A côté du monde de la beauté idéale,
qui aspire vers la transcendance et le divin, il y a le monde de l’expérience
concrète de l’art, vécue par l’individu et la société. D’une part la perfection
absolue, une sphère du sublime, d’autre part, le monde sensible, imparfait,
mais perfectible grâce à la philosophie. »
Platon
se méfie de l’art qui se sert de l’apparence. Mais cette méfiance est fondé sur
le pouvoir de l’art.
LA
TRADITION ARISTOTÉLICIENNE
231
« Aristote refuse la séparation entre le monde intelligible et le monde
sensible, mais il associe le plaisir à l’imitation artistique de la nature. Donc intégration de l’art de le
fonctionnement de la cité. Toutefois l’art ne devient pas autonome chez
Aristote, l’art reste lié au projet d’organisation politique.
Héritages
platoniciennes et/ou aristotéliciennes :
Pine
l’Ancien 23 – 79
Philostrate
l’Ancien 170 – 245
Plotin
205 – 270
Saint
Augustin 354 – 430
Marsile
Ficin
Corneille
et Racine s’autorisent de réinterpréter la théorie aristotélicienne de l’unité
du récit.
Interprétations
sporadiques et relativement libres d’Aristote car ses écrits ne devaient plus
être disponibles à un moment donné. 233 Le premier commentaire du texte
d’Aristote date du philosophe arabe Averroes 1126 – 1198. Et au XIIIème siècle
on parle du début de l’ère aristotélicienne (Albert le Grand et St. Thomas
d’Aquin). Mais la version latine de la « poétique » d’Aristote date
seulement du quinzième siècle.
La
défense de l’imitation
Charles
Batteux , Les beaux-arts réduits à un même
principe (1746)
« imiter
la nature ne signifie pas la copier servilement » (234)
Montesquieu , Essai
sur le goût (1757)
Montesquieu
s’indigne contre les anciennes normes et les sophismes de Platon.
Contexte : les textes philosophiques sont plutôt « oubliés » et
par exemple en ce qui concerne la réinterprétation de la poétique d’Aristote, son
texte est réduit à des règles de composition, telle une recette pour l’écriture
et la réinterprétation de pièces de théâtre.
Jusqu’à
240 imitation selon Aristote tendance innée, reliant la perception du sensible
avec le monde des idées.
La
purgation des passions 241
La
catharsis se produit dans un cadre bien précis, à l’intérieur de la
tragédie : « La tragédie est l’imitation d’une action de caractère
élevé et complète, d’une certaine étendue, dans un langage relevé
d’assaisonnements d’une espèce particulière suivant les diverses parties,
imitation qui est faite par des personnages en action et non au moye d’un
récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation propre à
pareilles émotions. » Aristote poétique 1449b (Ed Gallimard 1996)
- Lassaisonnement du langage désigne la proportion
variable de chants et de vers.
- L’essence de la tragédie réside dans l’action, non
dans le récit
- Le plaisir résulte des émotions ressenties :
crainte et pitié.
Par
contre Aristote ne parlera pas des mécanismes nécessaires à engendrer cette combinaison
de démarches artistiques : la composition, le jeu, les émotions suscités
dans le public. Pour la purgation des passions on peut presque donner une
explication « psychanalytique au sens actuel du terme : le spectacle
apaise les passions parce qu’il permet de vivre fictivement de façon innocente
et inoffensive, pour la personne et pour la société, des passions qui les
mettraient en danger dans la réalité. » (245)
Cette
idée de la catharsis sera parfois critiquée dans les spectacles modernes, p.ex.
par Berthold Brecht qui lui optait pour un théâtre réaliste, où dans la
réception et la réflexion on se confronte aux conséquences réelles de certains
faits ou actions.
ENTRE
NOSTALGIE ET MODERNITÉ
Trois
auteurs dont on trouve souvent les références dans les écrits esthétiques
actuels.
MARX
OU L’ENFANCE DE L’ART
Karl
Marx 51818 – 1883)
Introduction à la critique de
l’économie politique
-
Introduit l’idée que la guerre est toujours antérieur à la paix
-
Les rapports économiques, le machinisme et le salariat sont apparus dans
l’armée et dans l’état de guerre
-
Souhaite refuser l’idéalisme
-
Idem pour l’art : ce n’est pas l’émanation d’un monde suprasensible, mais
le fruit d’une société structurée et organisée.
« En
ce sens, l’activité artistique et les conceptions esthétiques d’un peuple ne
sont plus autonomes mais hétéronomes. Elles sont incluses dans l’idéologie,
c’est-à-dire dans les représentations que se forge une société à un moment
donné dans l’histoire, compte donné du stade de développement matériel e
économique qu’elle a atteint. » (Jimenez 256)
Marx
et Engels : … la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de
l’idéologie, ainsi que tous les formes de conscience qui leur correspondent,
perdent aussitôt toute apparence de l’autonomie. » (source non indiquée)
Jimenez
256 : « Le génie qui se concentre dans quelques artistes d’exception
n’est donc pas un don de la nature ni l’effet d’une fureur divine mais un
produit de la division sociale du travail. »
Toutefois M et E ne cessent de mettre en garde
contre une interprétation mécaniste et matérialiste de leur théorie.
Ce
rapport entre un artiste, son œuvre et l’époque à laquelle elle a été produite
n’empêche pas notre réception positive des œuvres du passé. Elles sont
« valables » au-delà de leur époque. Marx pointe l’attention sur le
fait qu’il y a un « rapport inégal entre le développement de la production
matérielle et celui de la production artistique par exemple. » (257) Cette
indépendance entre certaines œuvres et le contexte historique va à l’encontre
de la thèse hégélienne. Du côté de la réception des œuvres il parle d’un
attendrissement que l’on peut sentir envers des œuvres d’époques précédentes.
NIETSCHE
ET LE MIROIR GREC
Friedrich
Nietzsche (1844 – 1900)
- opposition entre l’apollinien et le dionysiaque
- la volonté de puissance
- le surhomme
Fausse
interprétation qui a servi au nazisme. Sa sœur a détourné sa théorie
Albert
Camus L’homme révolté parle de Nietzsche
Disciple
de Schopenhauer, emprunte le terme de pessimisme et du vouloir vivre.
Adhère
temporairement aux thèses positivistes et scientistes de son époque.
Apparaît
comme un penseur de la contradiction et s’intéresse le premier à des pulsions
comme le fera plus tard la psychanalyse.
Ecce homo 1886 critique de la modernité.
Inverse
le regard historique : ce n’est pas à nous de contempler les Grecs et leur
histoire, c’est à partir de leur point de vue qu’il faut tenter d’interpréter
notre histoire.
Il
ne s’agit pas de regarder la Grèce comme les historiens l’on fait, il s’agit
plutôt d’imaginer comment ils ont pu être éduqués, quelles valeurs ils
véhiculaient, quelle était leur organisation en société. Cela remettra en
question notre éducation qu’il voit comme un leurre.
Naissance de la tragédie 1872
Pour
N. la tragédie reste un mystère… étude du principe dionysiaque et appolonien
qu’il reprend après Schopenhauer.
L’influence
de Schopenhauer
Arthur
Schopenhauer (1788-1860) Le monde comme
volonté et comme représentation
Deux
principes sont repris : la volonté et le pessimisme.
Volonté :
catégorie métaphysique et ontologique, elle est l’essence des choses. Ele
occupe la place du noumène ou de la chose en soi dans la philosophie de Kant,
donc elle est universelle, éternelle immuable et libre. (271)
« Cette
volonté s’applique à tous les phénomènes du monde » ; elle est la
réalité ultime et le noyau d réel ». La grande différence avec Kant est
que la volonté s’exprime dans le monde et en l’homme par le vouloir-vivre, par
le désir, et notamment par la sexualité. »
Cette
définition de la volonté pourrait déboucher sur l’optimisme, or comme l’homme
connaît la volonté, mais que la volonté ne connaît rien, elle est aveugle. Au
fond nous les humains ne savons donc pas vers quoi nous nous orientons.
Résultat : l’homme mène une vie sans fin, sans finalité, dépourvue sans
signification. Pire encore, ce qui adviendra sera là après nous :
« nos passions, nos émotions n’ont de sens qu’après la mort. » (271)
Schopehauer est plutôt platonicien, mais pour lui les grandes Idées peuvent
être une consolation provisoire seulement.
De
tous les arts, seule la musique permet d’aboutir à cet état contemplatif
absolu, car elle est la plus immatérielle, la moins liée au monde sensible.
Elle est la plus proche, autrement dit, du monde des Idées. « Schopenhauer
parvient ainsi à concevoir la triple identité du monde, de la volonté et de la
musique : le monde est une musique incarnée et, en même temps, une
incarnation de la volonté.
Le
rôle de Richard Wagner
Anneau des Nibelungen composé en pensant à Schopenhauer
La naissance de la tragédie porte témoignage de cette rencontre intellectuelle,
philosophique et artistique.
Nietzsche
parle d’un problème non identifié avec la nation allemande, et il parle du
pouvoir de régénération de la musique, là où l’homme se dissocie avec le monde.
A
un moment Nietzsche décide de ne plus écouter Wagner. Je n’ai pas bien compris
dans le texte pourquoi … d’ailleurs je préfère lire Schopenhauer et N. avant de
faire d’autres commentaires par le détour de Jimenez, ..
LE
CLASSICISME DE FREUD
Ce
qui est commun à N. F. et M. c’est la croyance qu’il y a des forces
souterraines régissant les humains et par déduction le monde de l’art et les
œuvres. L’accent est mis sur différents mécanismes.
- Marx parle essentiellement du mécanisme économique
- Pour Nietzsche le mécanisme est culturel, religieux,
moral
- Pour Freud il est psychologique, reposant sur
l’inconscient
Pour
Freud une des premières conditions de l’émotion artistique vient du choc
émotionnel que peut sentir un
spectateur quand quelque chose de l’oeuvre fait allusion à un élément
significatif. La catharsis se crée alors quand il y a une parenté entre le vécu
du spectateur et le contenu de l’œuvre.
Œuvres
de Freud :
Interprétation des rêves
Un souvenir d’enfance de Léonard de
Vinci publié en 1910
L’hypothèse
de Freud : à travers l’acte de création artistique LdV sublime des
traumatismes (supposés de la part de Freud) de l’enfance. Rapport symbolique du
rêve, incitation à la création et œuvre finale. Sublimation du traumatisme,
existence de niveaux symboliques dans le rêve et dans l’œuvre.
En
plus de cela Freud aussi projette son vécu sur l’interprétation des œuvres. Cela
fait une imbrication complexe de différents niveaux d’interprétation et de
plusieurs significations possibles.
Jung
recommande à Freud la lecture de Gradiva de
Jensen. Mythe reliant le subconscient et l’évolution d’une histoire.
Le
mérite des écrits de Freud : donner une place au subconscient qui est
indéniable et démontre comment les rêves peuvent influer nos choix, et par
déduction la création artistique. Puisque les trois sont reliés, le spectateur
d’un œuvre sera relié par le langage de l’inconscient à l’œuvre, et trouvera
ainsi des pistes de lecture.
Résistance
et modernité
A
l’époque de Freud les œuvres modernes rompent avec les aspects formels
habituels (art figuratif, représentatif, contenu et thèmes discernables). Freud
ne s’intéresse pas aux œuvres modernes. Il y a une raison pour cela :
Freud se sert de langage et d’images (représentant quelquechose). 295
1897
La Secession de Vienne fondée par Klimt. Tentative de créer une ambiance
dionysiaque grâce aux œuvres et tentative de création de l’œuvre d’art total,
incluant la vie et tous les arts. Car il se pose par exemple cette
question : où loger la musique où la notion de contenu n’a aucun
sens ?
Notion
de ‘unheimisch’ = l’étrange sensibilité des choses.
TROISIEME PARTIE
LES
RUPTURES
I-
LE DECLIN DE LA
TRADITION
BAUDELAIRE ET LA MODERNITÉ
1828
Hegel annonce la fin de l’art romantique
Toutefois
Marx Nietzsche et Freud se réfèrent encore à cet art, tout en étant informés
des nouveaux courants artistiques.
Hegel
parle du succès de l’esthétique en parlant d’une discipline commentant les
œuvres une fois qu’elles sont installées dans le paysage de l’art. En 1855
Baudelaire critique cette science de l’esthétique. Baudelaire assume l’héritage
romantique du génie romantique et imprévisible. 302/303
L’ENJEU
DES RUPTURES
« Qu’est-ce
qui permet de considérer la modernité, telle que la définit Baudelaire, comme
annonciatrice de changements plus profonds que les précédents ? » 307
L’impressionnisme
confirme la tendance des investigations formelles.
Cubisme,
Schoenberg etc.
LES
THÉORIES ESTHETIQUES ET LES AVANT-GARDES
Benedetto
Croce 1900
L’esthétique comme science de
l’expression et comme linguistique
Croce
refuse la dépendance de l’œuvre vis-à-vis des structures globales et des
principes généraux de l’organisation.
- Pour lui la forme est aussi un contenu 320
« ..
Par-delà la peinture et les arts figuratifs, il y a tous les arts, l’art
universel … par delà l’art il y a encore l’esprit humain dans la richesse de sa
forme et dans son unité dialectique sans laquelle l’art même n’est pas vraiment
intelligible ; … »(321)
Rôle
du manifeste : cristalliser autour d’un thème précis les énergies
artistiques (322) et à déterminer les enjeux artistiques et esthétiques
Exemple :
« Almanach du Blaue Reiter »324
PRELUDES
AUX TOURNANTS DU XXe SIECLE
Montée
en puissance de la société de consommation.
Art
servant de propagande
QUATRIEME PARTIE
AUTONOMIE
DE L’ESTHÉTIQUE
Les
grandes philosophies des années trente traduisent bien le climat culturel dans
lequel ils ont été écrits. Le contexte est traumatisant, en ce lendemain de la
première guerre mondiale. Malgré les voies différentes adoptées, Georges
Lukacs, Martin Heidegger, Ernst Bloch, Walter Benjamin, Herbert Marcuse et
Theodor Adorno puisent dans les sources de l’idéalisme et romantisme allemand
(Kant, Hegel, Fichte et Schopenhauer).
Parfois
les anciennes idéologies attirent
encore les anciens interprètes dans l’espoir qu’une vision utopique. Heidegger
et Lukacs par exemple s’attachent avant tou aux valeurs immuables.
GEORGES
LUKACS ET LA QUESTION DU RÉALISME
Georges
Lukacs (1885 – 1971) : comment garder les valeurs éternelles tout en
tenant compte des événements historiques.
S’intéresse
à la séparation tragique entre les formes produites et la vie qui advient pour
lui après le déclin de l’épopée homérique. La séparation aussi entre la vie et la vie, entre l’essentiel et
l’inessentiel.
« La
question est de savoir quel type de littérature, quel art, quelle forme
esthétique conviennent désormais à cette civilisation occidentale déchirée, à
supposer qu’il lui soit encore possible de donner un sens à sa destinée. »
(340)
Jimenez :
« Dans l’âme et les formes,
Lukacs privilégie l’essai, mais la forme essayiste est limitée ; elle
n’est que l’expression du refus des consciences solitaires aspirant vainement à
l’essence. Or l’époque moderne exige des expressions littéraires capables de
correspondre à des attitudes humaines cohérentes et susceptibles d’exprimer la
totalité « extensive » de la vie. Chez les Grecs, l’épopée homérique
jouait parfaitement ce rôle, elle rendait compte de cette totalité, voyait
l’image idyllique d’une harmonie entre l’homme et la nature, entre les
créatures et les dieux, entre la vie ici-bas et la transcendance de
l’au-delà. » (340)
Lukacs
est conscient que ces anciennes formes artistiques ne peuvent pas être
récupérées. La forme adéquate de son époque serait pour lui le roman. Mais la théorie du roman qu’il écrit par la
suite ne développe pas d’avantage cette perspective, analysant plutôt l’écriture
de Tolstoï et Dostojevski.
Histoire et conscience de classe 1823 :
tournant politique et esthétique essentiel pour Lukacs. « Lespoir d’un
retour à la vie authentique repose désormais sur la révolution, sur le
prolétariat, sur l’histoire comme ouvrant l’horizon d’une réconciliation être
l’homme et le monde, entre les individus et la société. » (343)
1918
adhésion de Lukacs au récent parti communiste hongrois (avt la parution de la
théorie du roman).
Privilège
d’adhésion à l’idée hégélienne, et ses goûts artistiques restent fondées sur
des notions aristotéliciennes de mimesis et de catharsis 346. Les essais de
mise en formes nouvelles sont en général jugés comme des essais artificiels.
HEIDEGGER
ET LE RETOUR AUX ORIGINES
Martin
Heidegger (1889-1976)
Là
où Lukacs s’est orienté vers le matérialisme dialectique, Heidegger choisit
l’existentialisme
- Le monde vécu n’est autre que l’environnement
maîtrisé par la science et par la théorie, réquisitionné et arraisonné par la
tecnique et l’industrialisation. Cette décadence remonte à la Grèce socratique
et platonicienne, qui avaient entamé la marche envers le cartésianisme, la
modernité, par la démarche du raisonnement logique. La question ontologique, la
question de l’Etre semble perdue.
- « L’émergence de la subjectivité,
l’autonomisation progressive de l’individu, …sont considérées par Heidegger
comme les signes patents du déclin : l’homme a non seulement éradiqué les
mythes, liquidé la théologie, mais il a coupé la voie qui le conduisait à
l’essence des choses, y compris à son essence propre. 349
-
- Condamnation à une vie inauthentique (uneigentlich)
- Le dire poétique a la vertu d’échapper à la réalité
WALTER
BENJAMIN ET L’EXPÉRIENCE ESTHÉTIQUE
Traducteur
de Proust et Baudelaire
Veut
saisir le phénomène de la modernité
Se
passionne pour l’âme et les formes,
histoire et conscience des classes de Lukàcs et pour la phénoménologie
Tente
d’analyser quelle influence ont les phénomènes de reproduction d’œuvres sur
l’art (les mass-médias).
Est-ce
que le fait de multiplier une œuvre affecte ou non l’original ?
Quelle
est la définition de l’aura ? ne concerne-t-elle que l’œuvre unique ?
Quelle est la fonction de la tradition dans l’art et la transmission ?
Quelle
œuvre d’art serait la plus proche de la population ? « La possibilité
technique de reproduire l’œuvre d’art modifie l’attitude des masses à l’égard
de l’art. Très rétrograde vis-à-vis , par exemple d’un Picasso, elle devient
extrêmement progressiste, à l’égard, par exemple, d’un Chaplin. »
(citation de Benjamin dont la source exacte n’est pas citée 361)
Jimenez :
« La perte de l’aura aurait donc deux conséquences, en apparence
contradictoires : l’une négative, car elle provoquerait un appauvrissement
de l’expérience fondée sur la tradition ; l’autre positive, car elle favoriserait
la démocratisation – et la politisation – de la culture. » 361/362
Benjamin
met le doigt sur le problème suivant : reproduction en masse d’objets
culturels, mais l’accès facilité aux objets d’art peut faire que l’on ne prend
pas réellement le temps de trouver l’accès à l’œuvre, l’étudier, la comprendre.
Car « dégager le sens d’une œuvre, l’interpréter, c’est la
terminer. » 364
HERBERT
MARCUSE EROS ET CULTURE
Culture et société, Chap. Sur le caractère affirmatif de la culture
Commentaire
sur le fait que la société occidentale à constamment fait le partage entre des
valeurs spirituelles et morales supérieures à la réalité matérielle, prosaïque
et laborieuse. La culture moderne aurait même renforcé cet aspect
Ouvrage
déterminant
Eros et civilisation. Contribution à
Freud 1955
Il
vise à rapprocher les thèses de Marx sur l’exploitation par le travail et
celles de Freud exposées précédemment dans M alaise de la civilisation.
Marx
a mis en garde contre la crise grave qui pouvait tomber sur la société capitaliste
où le travail ne sera plus qu’un travail intéressé, en vue d’un gain financier.
Il reprend aussi les thèses de Freud qui expliquait que la répression des
pulsions devait essentiellement servir à maîtriser l’organisation de la société
et sa survie. Les thèses de Freud et Marx associés, nous amènent vers l’idée
que les pulsions vitales sont comprimées afin que les membres de la société
agissent de façon rentable dans une société capitaliste. En plus ce qui rend ce
fait moins «évident » est que cette sur-répression
n’est pas instauré de façon autoritaire par la société et les autorités des
états. Le principe de rendement est tout simplement pragmatique, nous apparaît
comme nécessaire à la survie.
Dans
l’homme unidimensionnel Marcuse
pousse sa critique encore plus loin. La culture tend à devenir affirmative, ne
critiquant plus le monde dans lequel nous vivons (dans le sens :
avoir une distance critique par rapport à ..) Du coup au lieu de nier l’ordre
établi, il est affirmé.
Les
thèses de Marcuse séduiront la société contestataire des années 60/70.
Le
dernier ouvrage La dimension esthétique.
Pour une critique de l’esthétique marxiste (1977). Aurait été vu comme une
progression de sa pensée, mais selon J. on n’y trouve pas vraiment des éléments
nouveaux.
THEODOR
W. ADORNO, UNE ESTHÉTIQUE DE LA MODERNITÉ
Théorie esthétique 1970
Avant
la publication de cet ouvrage, publié tardivement en France (quand ?)
Adorno fût avant tout considéré comme un théoricien de la musique, ayant beaucoup
écrit sur Wagner et Schoenberg. En littérature il cite Kafka, Mallarmé, Paul
Celan, Samuel Beckett. En arts plastique il ne s’intéresse pas à ses
contemporains mais aux impressionnistes et expressionnistes.
Il
constate la perte de légitimité d’un art devenu indéfinissable, ce qui pourrait
expliquer pourquoi il ne reconnaît pas certaines formes de peinture, tel que
l’action painting de Pollock, qui selon lui s’intéresse plus à l’action qu’au
résultat.
Il
s’intéresse entre autre à l’échec des révolutions socialistes en Europe. Quel
rapport avec l’art ?
- Critique de la dialectique qui permet de raisonner
mais aussi : par le raisonnement on peut s’autodétruire (preuve : la
Seconde Guerre mondiale.)
- Dénonciation de l’industrie culturelle
- Analyse en profondeur des œuvres nécessaire pour en
déceler le caractère subversif. A. décèle p.ex. une rationalité et un esprit
scientifique dans les œuvres qui leur fait défaut. Exemple Schoenberg qui à
travers ses dissonances veut montrer celles du monde …
- Idée maitresse de l’esthétique d’Adorno : « les
œuvres d’art ne critiquent pas la réalité en la peignant de façon réaliste, en
jouant sur le caractère figuratif de leur sujet ou de leur contenu. Il rejette
les œuvres qui prétendent exprimer un contenu politique déterminé et sombrent
dans la propagande. Si l’œuvre met en cause le réel, si elle agit efficacement
sur le public dans le sens escompté, c’est grâce à une forme inhabituelle. ..
391 »
II
– LE TOURNANT CULTUREL DE L’ESTHÉTIQUE
1968
Daniel Buren : « tout un chacun, les non-artistes, les
« autres » sont a priori aussi
doués que les artistes eux-mêmes : « La seule chose qu’on peut faire
après avoir vu une toile comme les nôtres, c’est la révolution totale. »
1974
Art et politique de Mikel Dufrenne,
milite avec enthousiasme pour un art vraiment populaire. Les penseurs et
artistes développent l’idée d’un art digest contrairement à la position
d’Adorno qui défendait un art subjectif et difficile d’accès
L’ESTHÉTIQUE
DE LA RECEPTION, HANS ROBERT JAUSS
H.R.
Jauss, Pour une esthétique de la
réception, Paris, Gallimard, 1978
Cette
esthétique insiste sur l’importance de la réception de l’œuvre par le public.
Toutefois il n’y a pas d’antagonisme entre une réception positive, mitigée ou
négative, ce qui importe c’est que le public réagisse.
Apaisement
de la critique à l’encontre de l’industrie culturelle et du système marchand.
Deux tendances de critique de l’art sont à constater
1.
Tendance
européenne, basée sur la tradition et les avant-gardes
2.
Tendance
anglosaxonne, philosophie analytique, s’interroger sur la signification d’un
discours.
NELSON
GOODMANN ET LE LANGAGE DE L’ART
Langages de l’art, une approche de la
théorie des symboles. 1968
Cosidération
des émotions en tant qu’instruments de la connaissance, leur attribuer une
fondtion cognitive.
L’art
est donc pour G. non une affaire de représentation mais de connaissance.
L’expérience esthétique n’est plus fondée sur les idées, sur les phantasmes ou
les passions exprimées par l’art. Ainsi Goodmann écarte toutes les notions
classiques de l’esthétique ou de la philosophie de l’art traditionnelle :
les questions relatives au goût, à la beauté, au jugement et à la valeur des
œuvres deviennent secondaires.
Goodmann
s’intéresse aux symptômes de l’esthétique :
Distinction
aussi de l’esthétique et de l’artistique. Le jugement esthétique n’importe pas,
ce qui importe, est sa valeur artistique.
1977
Article : When is art ? Quand
il y a t-i art ?
« La
question primordiale n’est plus ‘qu’est-ce que l’art ? » mais
« Quand il y-a-t-il art ? »407
Difficulte :
comment gérer cet écartement des émotions et de la sensibilité éléments
véhiculés par l’art toutefois ? L’art n’est pas uniquement symbolique,
logique sans émouvoir. (Quelque fois du moins)
ARTHUR
DANTO ET LA « TRANSFIGURATION DU BANAL ».
Seul
l’interprétation permet la tranfiguration du banal.
Les
œuvres dépendent du climat dans lequel elles beignent.
On
remarque plus d’attention vers le produit art que vers l’œuvre elle-même. Danto
aussi compare par exemple Duchamp et Warhol sans vraiment distinguer les
différences.
Jean
François Lyotard La condition postmoderne
1979
Achille
Bonito Oliva 1980
En
général : difficultés de positionnements et de définitions, de ce qui fait
œuvre,de la valeur de l’œuvre, de l’interprétabilité de l’œuvre. Cela mène vers
la désorientation qui se fait surtout sentir dans le champs de l’art
contemporain dans les années 90. Emerge alors surtout la notion de crise.
L’ART
ET LA CRISE
La
crise actuelle illusion ou réalité ?
Faits :
Les
institutions culturelles sont gouvernées par la rentabilité, contrainte
économique.
Système
toutefois tolérant et laxiste envers des valeurs culturelles et cela est
peut-être liée à la désorientation ou la difficulté d’orientation qui règne en
ce qui concerne les valeurs artistiques.
Celui
qui consomme la culture, comme celui qui la produit, peut donc parfois faire
économie d’une réflexion sur la réelle valeur artistique des production en
circulation.
Le
culturel crée donc ses propres valeurs et critères. C’est la sphère que nous
trouvons dans la communication culturelle.
Tendance :
le terme art est substitué par le terme culture. On peut donc parler d’une
« logique culturelle » pour désigner les processus d’universalisation
répondant à l’exigence de démocratisation dans la société moderne.
LA
QUESTION DES CRITÈRES ESTHÉTIQUES
Tension
entre logique culturelle et logique esthétique.
Question
de Duchamp qui se déclare anartiste, allant contre la valeur uniquement
rétinienne de l’art et attirant l’attention sur la mobilisation de la pensée
par l’art. Mais comment faire de l’art après ce geste iconoclaste ?
Quelles valeurs, quelles esthétiques répondent à l’exigence de l’art ?
Proposition
de la restauration des critères par J.
1. Les normes et
conventions esthétiques expriment la sensibilité et la pensée d’une société.
Elle serait lié aux époques, à l’histoire
2. Possibilié
d’ériger le principe de plaisir en critère déterminant. Que faire de ce qui
nous contrarie, nous choque, nous donne à réfléchir ?
3. Critères
esthétiques spécifiques aux œuvres contemporaines. Creuser dans la logique
intrinsèque de l’œuvre. S’intéresser à la sensibilité, aux techniques, aux
savoir-faire, aux connaissances mobilisées. Question de la priorité des
critères. Quel est le critère déterminant ?
Trouver
les critères et les façons d’avoir une expérience de l’art qui permet un
échange entre l’œuvre, le public, entre l’artiste et le monde environnant.
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